Dans cette œuvre, ce sont les éléments du mime et du théâtre qui séduisent Carl Orff, plus encore que la satire et la parabole. Pour le compositeur, le contenu ne se résume pas seulement au spectacle du bateleur ; le sujet fondamental de l’œuvre est bien « le jeu » dans toute son ambiguïté, au sens de « pièce de théâtre » et de « tour de passe-passe ». C’est cela qui dicte le choix des moyens d’expression artistique utilisés par Orff pour sa composition. Ainsi, dans "Astutuli", le vecteur dramaturgique est la langue – une langue caractérisée par l’élement scénique, la gestuelle, et le mime.
"Astutuli" s’adresse plutôt aux acteurs qu’aux chanteurs. En renoncant au chant, Carl Orff renonce à la mélodie – plusieurs passages de l’œuvre sont construits au moyen de la récitation rythmique qui trouve son origine dans la gestuelle expressive et le jeu d’acteur. Orrf utilise pour la première fois ce procédé dans les scènes des sorcières de "Die Bernauerin".
Le moment orchestral est également réduit jusqu’à l’os : l’instrumentation exclusivement constituée d’instruments à percussion confère une toile de fond et un accompagnement au texte parlé et déclamé de manière rythmique.