Astutuli - Eine bairische Komödie (1953)

« Astutuli, c’est le nom du jeu, Astutuli, autant que l’on veut. »[1]

Il est complexe de classer la « Kumedi » bavaroise "Astutuli" dans le cycle des œuvres scéniques de Carl Orff, ne serait-ce qu’au sein du groupement d’œuvres du "théâtre universel bavarois".

S’agit-il d’une plaisanterie carnavalesque, d’une œuvre secondaire, du rejeton comique de la parabole tragique "Die Bernauerin" ? Ou bien cette œuvre fut-elle pour Orff l’occasion d’une brève inspiration avant l’intense l’effort pour mettre en musique les drames de Sophocle et d’Eschyle ?

Avant d’entrer dans le monde de cette « comédie bavaroise », il s’agit d’en saisir le titre latin. Dans un dictionnaire de latin, l’entrée astutulus indique la définition suivante : « finaud, rusé sous des dehors simples, astucieux ».

Le titre de l’œuvre « Astutuli » désigne donc plusieurs individus doués de fourberie, des roublards en somme.

   

Dans cette œuvre, ce sont les éléments du mime et du théâtre qui séduisent Carl Orff, plus encore que la satire et la parabole. Pour le compositeur, le contenu ne se résume pas seulement au spectacle du bateleur ; le sujet fondamental de l’œuvre est bien « le jeu » dans toute son ambiguïté, au sens de « pièce de théâtre » et de « tour de passe-passe ». C’est cela qui dicte le choix des moyens d’expression artistique utilisés par Orff pour sa composition. Ainsi, dans "Astutuli", le vecteur dramaturgique est la langue – une langue caractérisée par l’élement scénique, la gestuelle, et le mime.

"Astutuli" s’adresse plutôt aux acteurs qu’aux chanteurs. En renoncant au chant, Carl Orff renonce à la mélodie – plusieurs passages de l’œuvre sont construits au moyen de la récitation rythmique qui trouve son origine dans la gestuelle expressive et le jeu d’acteur. Orrf utilise pour la première fois ce procédé dans les scènes des sorcières de "Die Bernauerin".

Le moment orchestral est également réduit jusqu’à l’os : l’instrumentation exclusivement constituée d’instruments à percussion confère une toile de fond et un accompagnement au texte parlé et déclamé de manière rythmique.

Avec son exubérance théâtrale, son sens satirique et symbolique caché, "Astutuli" est une pièce maîtresse du "théâtre universel bavarois" de Carl Orff. Le succès qui accompagne l’œuvre depuis la première représentation le 20 octobre 1953 a été confirmé avec éloquence par de nombreux critiques [...].[2]

______________________________________

[1] CO-Dok VI,235; [2] Franz Willnauer in CO-Dok VI,231ff.
Photos : chaîne télévisée Südwestfunk, février 1958
Audio: Carl Orff lit - WER 3007-4

>  Start (französisch)   >    Œuvre   >    Théâtre universel bavarois   >   Astutuli